lundi 15 septembre 2008

il y a longtemps mais ce pourrait être hier ou demain, la nuit est tombée et m’a engourdi de cette lassitude passagère des jours trop longs, je me suis posé dans un jardin déserté et j’ai fermé mes yeux pour évacuer la fatigue
  
une ombre est venue me trouver, lente et grave, puissante et gracieuse comme un orage silencieux, je n’ai pas reconnu le bruit de son pas si constant, résonnant dans le creux de mon cœur battant
  
et pourtant nous avons si souvent parcouru le monde côte à côte, un pas à la fois, sans jamais nous arrêter
  
je l’ai vu souffler le désespoir aux impatients, je l’ai vu mettre de l’ordre aux saisons et récompenser les désirs éternels
  
je l’ai vu mettre en terre des semences d’espoir, je l’ai vu récolter les feuilles dorées des arbres millénaires
  
il connaît mieux que tous la sagesse des espèces, celles qu’il a accouchées, celles qu’il a enterrées
  
il a voulu croquer ma chair et goûter le sang de ma jeunesse perdue, il s’est cassé une dent sur ma volonté, et m’en a fait cadeau, source de conseils infaillibles
  
il est reparti sans me dire adieu, qu’importe nous nous reverrons, lui le maître de toute sagesse, moi la voix de l’attente divine
  
lui, le temps, moi, l’exécutant

dimanche 7 septembre 2008

terre, terre en furie, terre de subterfuges, terre de grandeurs, terre que j’ai foulée, déchirée, mes pieds sont sales de poussières minérales
  
dans ton ventre le centre de toutes gravités, dans ton ventre d’où poussent les montagnes, dans ton ventre les nouveaux maîtres, patients, attendent l’approbation du temps
  
terre, dessine-moi mon chemin grandiose et nonchalant, où que j’aille qu’il me devance et trace la venue du grand narrateur, celui qui prononcera le fin mot et nourrira les fines bouches
  
elles sont si nombreuses, si curieuses, si avides, elles ont si soif d’histoires à boire debout
  
je leur raconterai ce que j’ai lu sur la peau meurtrie des anciens et braves conquérants, dans leurs yeux scintillants, la lumière des grands jours
  
qu’ils me fouettent si je ralentis le pas, qu’ils me fouettent pour chasser la résignation de mes yeux noirs
  
mais qu’est-ce que j’entends, si ce n’est le murmure du temps fuyant, implacable et capricieux
  
éconduit par la fortune je suis sommé de recommencer

mardi 2 septembre 2008

il faut reprendre la route, il faut brandir les drapeaux, il faut me dire que rien ne vaut le plaisir d’être debout, face à moi-même, mon meilleur ennemi, mon plus fidèle tourmenteur
  
me sentir frère du genre humain, me sentir lié par le sang à ces êtres miens, respirer le même air du temps, chantonner, rire
  
c’est parmi eux que je suis bien, tout en étant dans ma bulle, je marche avec le poids du terrien, je vis avec le souffle de l’humain, et je suis en quête de ma parole

lundi 1 septembre 2008

l’orage en moi que j’ai si longtemps couvé, le voici qu’il me surprend nu-tête au milieu d’une rue sombre et déserte
  
mais qu’y a-t-il à entendre? la violence d’une furie capricieuse, le vent mordant, l’abattement de la pluie grise
  
à ce moment il faut se trouver un abri, se tenir immobile, tout petit, laisser couler le temps, panser ses vieilles et nouvelles plaies, méthodiquement
  
à ce moment la peur viendra quérir sa pitance, vieux os ou chair fraîche, qu’elle meure de faim!
  
à ce moment il faut se contenter d’être seul, afin de mieux savoir sur qui on peut compter, et chérir l’espoir de rencontrer des nouveaux compagnons aux sourires larges comme des banderoles de bienvenue
  
à ce moment il faut se rappeler que les étoiles brillent quelque part, et que seule la patience voit clair durant la nuit
  
et au petit matin, je suis calme et dispos et j’accueille le soleil retrouvé, il jette une lumière fertile au fond des sillons inondés de la terre
  
là où à l’insu de tous, quelque chose a germé, là quelque chose veut grandir, dans la plus parfaite ignorance du monde et de ses interdits
  
et je crie au génie de la nature qui nous anime, je crie à la face de la terre sa beauté, incrédule

jeudi 21 août 2008

ça y est, j’y suis, je suis quelqu’un, artiste cherche Amour, aurai-je le privilège de faire ta connaissance?
  
nous sommes de la même espèce, n’est-ce pas? sinon pourquoi ce jeu serait possible?
  
nous marchons dans le même rêve, et j’aime sa couleur, sa saveur, il y a beaucoup de beauté dans le ciel ces jours-ci, tu ne trouves pas?
  
le ciel acclame sa propre turpitude, sa véhémence, son goût pour le déchaînement soudain, la force brute
  
qui es-tu, demande-t-il dans le son d’un tonnerre, et que répondre, les enfants de la terre des humains et de leurs Divinités, et la symbiose entre nos mondes se situe là où nous voulons qu’elle soit
  
où sont passés les oiseaux? désertent-ils comme ça à chaque année? ils sont quelque part à l’ombre, au frais, leur chant me manque
  
alors il me faut chanter, alors il me faut danser pour faire sourire le soleil, il me faut exaucer les souhaits les plus profonds, il me faut créer la vie
  
je serai père, mère et enfant, je serai tout cela et bien plus, je suis prêt pour l’amour, je n’ai peur de rien, je vogue par vents et marées pour mettre un pied sur terre nouvelle, et ce sera l’enfant de ma soif de vivre encore plus

vendredi 8 août 2008

je voudrai vous parler de ces nouvelles histoires qui sont à venir, métaphores dignes des divines, je croquerai dans votre terre pour manger la récolte de vos rêves
  
vous me verrez curieux de vos manières, vous me verrez le sourire aux lèvres et les cheveux hirsutes, toujours échauffé par le parfum de l’amitié, vous me verrez, confiance
  
je serai parmi la foule de commentaires, je serai à l’écoute d’un chant nouveau, celui de votre liberté tant caressée que sa peau est lisse comme la pierre, électrique comme l’éclair
  
et viendront les politiciens, les faiseurs de règles de conduite, les agents de consensus, ils seront sur mes talons et j’entendrai leurs clameurs, leurs chamailleries, leurs comédies,
  
et je voudrai m’enfuir car mon dos ne supporte pas les règles d’autrui, je préfère porter à ma taille celles que je me suis faites
  
ils se lancent des cris de rassemblement, de mobilisation publique, ils vivent un genou par terre, à la hauteur de leur vision, ils s’achètent des lois pour leurs prochains, leur troupeau bien-aimé
  
ils viendront solliciter mes alliances, mais je leur refuserai le droit de parler en mon nom, car mes règles ne sont pas celles de quiconque
  
qui d’entre eux accepterait de reconnaître sa responsabilité pour tout son propre passé?
  
qui dira toujours ce qu’il a vu sans mentir, sans peur ce qui s’est passé?
  
monde d’ouverture, monde de folies meurtrières, monde d’amour infini, monde
  
si c’est contre le courant de l’opinion que je rame, je redoublerai d’ardeur, rien n’aura raison de ce que je veux, car ma quête est trop sereine pour faillir aussi près du but, aussi près de mettre au monde le rêve, le rêve, ami!

vendredi 1 août 2008

   qu’y a-t-il au creux de moi sinon les mille visages de la vie qui me regardent et m’excitent?
   je souris à mon cœur, le temps d’un sourire en coin, il est complice de mon amour tout en courbes
   je souris parce que j’entends la musique, des notes éclatent de partout, comme des pierres précieuses qui s’entrechoquent, le cliquetis permanent, être en vie
   je dis : « Voulez-vous choisir votre voie? Il est prié d’abandonner ce qui vous empêche de marcher, un caillou dans la chaussure, un poids sur l’épaule. Pour vous, mes chers trop sensibles, aucune montagne ne sera trop escarpée. Il suffit d’ouvrir vos ailes. Quoi, vous n’y croyez pas? »
   et muet je resterai là, surpris de leur incrédulité. Si jeunes et si peu croyants, qu’est-ce que je peux faire pour vous? Je vous le demande, je serai patient le temps d’une réponse
   et vous qui parlez avec la langue lourde de libertés, avez-vous soif d’eau qui se faufile entre les mailles du filet quotidien? L’eau qui finira dans la gorge qui mène au ventre des plaisirs les plus graves

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