dans ce monde à horaire
dans ce monde à télé
au pied de la ville
je prends mon souffle
je prends mon calme à deux mains
mon calme revêtu comme une cape
et sous mon capuchon
ma pensée est claire
limpide pour ceux qui ont soif
au pied de la ville
je touche son orteil
et je la sens frémir
elle est si chatouilleuse
et si capricieuse
qu’elle préfère oublier
plutôt que d’inviter
ceux qui se tiennent à sa porte
mais qui n’osent pas entrer
ne veulent pas se laisser guider
dans son ventre tourmenté
je ne suis pas de ceux que l’on oublie
ni de ceux que l’on maudit
je suis une voie
que les divins arpentent
et maintenant mon chemin devient rue
et mes champs et forêts
seront recouverts de présence humaine
asphalte et béton
et je dis que je gagne ce que je perds
les forces de la terre
qui ancrent nos maisons
et nos vies
sont éternelles
« éternelles comme notre aveuglement »
me répond en riant
un vieillard borgne
comme s’il avait lu mes pensées
de mon regard songeur
à son œil perçant
il est vrai que nous ne voyons pas assez
nous ne cherchons pas suffisamment à voir
comme discipline du rêve éveillé
il faut savoir ce que nous cherchons
et nous aurons notre lumière
et les courants marins porteront nos navires
là où nous le voulons
« mais savais-tu cela?
que la mer est devenue océan
et que la ville que tu as quittée
ce qui a jadis été
une île inhabitée
occupe maintenant
l’horizon d’un continent
mais pourquoi viens-tu
que caches-tu
sous ce capuchon
et cette cape? »
rien si ce n’est que ma peau
le lieu de mes pensées
le lieu de mes poèmes
et quand je marche
je marche dans la profondeur de mon être
je marche dans ce que j’aime
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