lundi 10 mars 2008

Vers mon soleil

j’aimerais parler
de l’humain qui cherche
la vérité
  
quand au milieu d’un pré
je rencontre
un mouton
égaré
  
je lui donne à manger
je lui donne à boire
il me mitonne son histoire
  
« je suis d’une famille
pieuse comme la pluie
où même les joies
sont calculées
  
mon maître m’interdit
de sortir au midi
c’est son dieu
qui l’a dit
  
mais aujourd’hui la pluie
a couvert mes yeux
d’une prière si longue
que j’ai oublié l’heure du repli
  
j’ai perdu mon troupeau
ma famille, mon berceau
je suis à la merci des loups
maintenant que la honte
vient à ma rencontre »
  
moi je serais ta honte!
mais que veux-tu donc?
toi qui ne parles
que lamentations
  
« retrouver mon troupeau
subir le châtiment
de mon maître »
  
viens nous les trouverons
et verra bien
qui sera châtié
  
la route a été courte
bientôt le maître et son troupeau
à vue de nez
  
le mouton
culbutes de joie
une culbute, deux culbutes, trois culbutes…
compter les culbutes
de mouton
  
le maître se retourne enfin
et nous aperçoit
et sort son gourdin
  
« qui viens là
étranger
et toi mouton
ce n’est pas la première fois
que tu fais faux bond
au repli du midi
  
viens et goûte
la douce vengeance
du souci de la règle
  
goûte au gourdin
le temps de quelques violences
le temps de louer la douleur »
  
je ne suis pas venu
pour entendre la parole du gourdin
car je viens d’un monde qui ignore la médecine
de la douleur
  
je viens demander
de quel droit te caches-tu
de l’heure du midi
  
« depuis que le dieu
est passé et a brûlé
la forêt
créé les pâturages de mon troupeau
en retour il a exigé
de ne jamais le voir en pleine lumière »
  
mais dis-moi
comment sauras-tu
que le dieu a abdiqué
que feras-tu?
  
« lui ou un autre
peu m’importe
car je suis fier qu’il me soit interdit
de les connaître en pleine lumière
  
nous voici au pied de ma caverne
où j’ai mon tapis
où je me cache
pour la prière du midi
entre avec moi étranger
il n’est pas bon de défier
le dieu qui est passé »
  
j’ai reconnu la sagesse
du meneur de troupeau
je l’ai remercié
mais j’ai foncé
droit
vers mon soleil

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