au creux de la forêt
quittant le maître des moutons
déjà j’entends un rire
derrière un arbre
une petite fille
tenant un miroir
elle y plonge son regard
et rit de ce qu’il y a à voir
je m’approche
curieux
animal qui perdu l’habitude
d’être apprivoisé
elle se tourne vers moi
et me tend le miroir
aux mille joies
je pouffe de rire
apercevant les fesses pieuses
du maître moutonnier
voyez-vous
il prie
nu tête et nu fesses
caché au creux de sa noirceur
à l’écoute de l’écho
de sa peur
« va, que ce miroir lui soit remis
mais prends garde de te salir
la bouche et les mains
de la présence de son ombre »
je prends le miroir
de sa main savoureuse
et reprends le chemin
de la caverne
pays en berne
où se perd
la volonté d’être ivre
où se gagne
la volonté de suivre
me voici au pied de la grotte immense
des derniers humains
et je crie
viens, ermite à moutons
j’ai quelque chose à te donner
le miroir
de l’innocence cachée
et la parole d’un sage
de trop, de passage
ombre parmi les ombres
le voici qui se détache du fond noir
à quelques pas de moi
il s’arrête
« je ne peux plus aller plus loin
c’est la limite de mon ombre »
oui cela est bien la limite de
ta grotte
où tu caches tes trésors empilés
chaos de règles noircies
tabous et interdits
du petit bois
pour le feu
pour la peur
de regretter
d’être libre
comprends que l’on se donne sa règle
et que la vie, c’est sa règle,
honore le choix de sa règle
si tu demandes plus d’interdits
elle te fera don
d’autant de raisons
d’échouer
tu crains l’heure du midi
quand l’ombre est à son plus court
car tu ne sais plus où cacher
ta culpabilité
d’avoir oublié
le nom de ta divinité
le nom de ton innocence
voici le miroir aux mille joies
contemple le plus beau reflet
de ton visage
ne sera visible
qu’à l’heure de ton midi
au plein soleil
courage
choisis ton heure
choisis ton terme
sors de l’ombre
enfin
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