lundi 18 février 2008

Le temps ne compte plus
ou trop vite
je me suis assoupi
trois ans
 
Au réveil
la lueur 
avait disparu
   
Me voici au cœur des ténèbres
domaine de
la peur, l’irraisonnable
   
Silence noir
chant d’acouphène
je vois des formes électriques
danser
   
Des pas au loin
quelqu’un
viendrait-il me tuer?
   
Et la voici qui me tend la main
la peur
elle m’offre son secours
le réconfort
de l’immobilisme
   
   
« Tu as vu le feu qui brûle
au centre de mon royaume
maintenant vas-y
tu seras mon hôte »
   
Voilà que je marche
à pas de géant
vers le feu des espoirs
sacrifiés
    
La peur est ma compagne
j’écoute
son étrange récit :
  
« Te voici parmi nous, jeune poète, et désormais ton chant 
seras le nôtre. Mon royaume est vaste, tu sauras t’y plaire, chantant les tourments des esprits en furie, tous écouteront l’émotion du grand vertige, tous voudront entendre la voix de leurs défaites secrètes. »
   
Et comme j’approche du feu je sens ses flammes qui me jettent leur froid au corps. Une morsure à la température du vide.
   
Et bientôt je perds la face,
cassée comme un miroir,
mille éclats de glace
réfléchissants.
   
Je me tourne vers elle
aurais-je peur de me jeter au milieu du feu
de mourir de froid
sous ses yeux
si attendrissants
m’en croit-elle capable
de la défier parmi les siens
et de lui dire
« J’ai la gorge trop sèche pour chanter »
    
Et de me jeter
à corps perdu
je ne fais plus qu’un
avec les rêves de grandeur
de ceux que l’on abandonne
au coin du feu
quand la morsure de la mort nous surprend par derrière
froide comme le vide
intemporel

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