J’ai entendu ta prière, ta plainte,
ô mon frère si loyal.
Quand tes yeux patients
ont croisé ceux de l'animal,
j’y ai vu la tendresse
de tous les hommes,
ô mon frère si sensible.
Tu as fait tienne sa douleur,
tu as fait tienne sa détresse,
tu es devenu cheval.
C’est tout à ton honneur.
La noblesse de son caractère, sa force,
sa charge destructrice,
sa vitesse aux flancs majestueux...
l’animal te convient parfaitement.
Ton choix sera respecté et honoré.
Frère, à moi de prendre la parole
maintenant.
Frère, le vent tourne.
Nous pourrons bientôt gonfler
les voiles et partir.
Les bateaux seront construits
et bientôt, nous partirons
à la conquête d’un monde
que nous connaissons trop bien.
Il est temps d’apporter la tempête,
le sang et le drame, mais aussi
le rire, la joie, la beauté,
l’émotion vive
et splendide
de la vie.