mercredi 27 février 2008

bien des mots
inutiles
vaguelettes
  
quel homme marche vers moi
un vieillard visage osseux
ermite
toujours raison contre tous
puisque seul
  
où vas-tu, vieillard?
« je viens te chercher
le dieu fatigué te demande
il doit rédiger son abdication
il doit choisir sa descendance
il veut que tu ailles consulter
l’oracle »
  
cent jours
assis au pied d’un arbre
réfléchissant
dois-je aider le dieu
que je devrai enterrer?
  
car nous vivons depuis si
longtemps
sans aucun dieu
parmi nous
  
bien qu’il ne soit pas
mort
il agonise
il s'éloigne, il se cache
le nez
de l’odeur humaine
devenue puanteur
de mauvaise foi
   
et pourtant nous devons nous aider
nous devons nous récompenser
ainsi va notre secret
notre nature terrienne
  
cent jours le soleil s’est levé
et j’ai choisi la route
vers une ville
encore inconnue
habitat de l’oracle
  
le messager du dieu
voulait venir
mais plus vieux
que son maître
la fatigue l’a cloué
au chevet
  
comme j’allais quitter la montagne
pays des prophètes
un aigle aux yeux profonds
est venu me voir
de plus près au grand jour
déclinant
sa parole
« Tu nous quittes
pour toujours? »
  
je réponds
je reviendrai
après la nuit
après que la pluie
aura lavé mon ventre
de vierge enceinte
  
l’aigle me livre sa sagesse
« la ville grouille de vies
bruits et fureurs de vivre
  
es-tu prêt à ressentir
le grand gaspillage
des passions
sourdes
aux milliers de voix
de la raison
  
instincts de survie
instincts de toujours
recommencer
  
salue l’oiseau
quand tu le croises
il te reconnaîtra
comme l’un des siens
  
la ville est douce
pour l’oiseau
elle s’offre à sa demande
et parfois si cruelle
le temps d’une offrande
  
l’oiseau aime l’humain
mais jamais
il ne lui dira »

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